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  Christian Jegourel

 

    

13 décembre 2005 2 13 /12 /décembre /2005 18:29

Patrick Le Lay doit l’avoir mauvaise d’être obliger de négocier la vente de TPS dans une position de faiblesse. C’est le succès d’une stratégie d’investissement sur les contenus face à celle, moins ambitieuse, de tentative d’assèchement des finances de son ennemie. Il faut dire que lorsque Canal + avait remporté les droits de football pour plus de 600 M€ d’euros par an, les pronostiques étaient ouverts sur le réel vainqueur de cette opération. Pour ma part, je préférais l’option d’investissement de Canal qui était une réelle stratégie de développement. Entre temps, TF1 a acheté ou lancé de nouvelle chaînes : LCI, Eurosport TV Breizh, TMC, Histoire ; et se trouve à la tête de cinq des dix chaînes les plus regardées sur le câble et le satellite. Etait-ce pour tenter de contrer Canal ou pour valoriser TPS en cas de négociation ? Dans les deux cas c’était bien jouer.

 Et pour Canal ?

Si Canal avait laissé le marché en l’état, TF1 et M6 auraient été immanquablement obligés de jeter l’éponge à un moment ou un autre car le nombre d’abonnés aurait décru absorbé par Canal Sat et par les offres sur ADSL. Ces dernières pouvant diffuser l’offre de TPS mais à terme le bouquet aurait perdu le contact avec ses « abonnés » et serait devenu totalement dépendant de « ses » diffuseurs ADSL. Quel revers !

 Après tout, pour Canal ce pouvait être plaisant alors pourquoi prendre le contrôle de son concurrent ?

 Certainement pour mieux contrôler les offres et être en meilleure position vis-à-vis des fournisseurs de contenus et des diffuseurs ADSL. En effet, pour le moment tout ce petit monde marche main dans la main mais à terme les FAI auront intérêt à définir leur propre offre de chaîne. Car si tout les FAI diffusent canal Sat et TPS, pour eux l’avantage concurrentiel disparaît. Il faudra donc se différencier de nouveau et agréger son propre contenu.

 Dans cette stratégie Vivendi a intérêt à prendre de l’avance. Avec une offre de chaînes complètes sur deux packages différents, une offre VOD (annoncé avec Free) qui sera certainement proposée à d’autres FAI en 2006, Canal devient un partenaire incontournable jusqu’à ce que les réseaux hauts débits soient totalement déployés et que les FAI retrouvent des capacités d’investissement dans les contenus. Cela laisse bien deux ou trois ans à Canal +

Il semble que le modèle retenu soit une prise de participation de TF1 et de M6 dans le groupe Canal + en regard de la valorisation de TPS. Je ne vois par très bien l’intérêt de pour TF1 et M6 de posséder respectivement 10 et 5 % de Canal mais les stratèges sont parfois impénétrables…

Par contre il est essentiel à mon avis que Lagardère échange ses 34% de capital de Canal Sat dans Canal + même si cela doit lui couter 1 milliard d’euro en cash afin de préserver ses activités de production et d’édition audiovisuelles en garantissant les canaux de distribution.

 Parallèlement la vidéo à la demande

 Canal + et Free viennent d’annoncer cette offre. Pour le moment, on peut dire que Free fait vraiment un sans faute dans sa stratégie. (Rappelons que l'organe de normalisation IEEE a validé le standard 802.16e, variante "mobile" de la technologie Wimax et que Free pourrait offrir de la téléphonie mobile avec la seule licence nationale en France). Il faut se dépêcher car Tele 2 vient de sortir son offre quadruple play intégrant le mobile grâce à son accord MVNO avec Orange. A terme je pense que la stratégie de Free est la meilleure car si le WiMax offre le potentiel du mobile sur IP, cela permettra d’offrir de l’accès moyen/haut débit avec le même réseau et ce, pour beaucoup moins cher que la mise à niveau d’un réseau 3G et avec des débits plus importants. Pour les acteurs traditionnels, la technologie IMS permettra de basculer en téléphonie IP à proximité d'un spot WIFI. Le problème c'est qu'à force d'ajouter des couches logicielles et matérielles, les coûts augmentent. De nouveau bravo Niel ! On verra si je ne me trompe pas en fin d’année prochaine.

 Quid de Neuf Cegetel ?

 C’est quand même paradoxal que Canal annonce un accord avec Free et que Neuf Cegetel, dans le même groupe, ne réagisse pas ! Ils ont tout dans le groupe Vivendi pour offrir du quadruple play et rien ?

 Le premier trimestre 2006 devrait voir arriver de belles offres de tous les acteurs FAI qui attendent en fait qu’un terminal « standard » soit disponible (Microsoft finalise son offre, que l’on devrait voir sur Club Internet, mais Cisco et d’autres sont sur les rangs. Une nouvelle bagarre en perspective). Il faudra surveiller ce point car ce qui fait la force de Free sera également sa faiblesse lorsque l’offre standard de « box » se sera développée et qu’un terminal propriétaire ne sera plus un avantage compétitif. Je ne vois pas cela avant 2007 de toute manière car les set top box devront intégrer la HD ce que prévoit Free l’année prochaine (encore un an de gagné).

 Le cap suivant des set top box sera vraiment l’intégration du mobile sur IP et le choix du terminal domestique (et mobile ?) interopérable de manière transparente.

 Stratégie chez vivendi ?

 Au final tous ces mouvements relèvent-il d’une stratégie plus globale ?

 Cette annonce renforce le leadership de Canal + comme on l’a décrit plus haut mais permettra à Neuf Cegetel de revenir avec un réel avantage concurrentiel sur mesure (ex : des chaînes au choix au lieu de packages tout fait…).

 Avec une stratégie intégrée, (celle de Messier ?), Vivendi sera à la tête d’une entité audiovisuelle, experte en négociation de droits, en production, d’un réseau de diffusion ADSL, d’un réseau mobile, et d’une offre de stock et de flux audiovisuels complets. Bravo !

A au fait,  il manque quand même le Wi max (il est dérangeant ce Niel). Ca tombe bien en 2010 la concentration des acteurs (voir mon autre article) devrait l’amener à négocier une fusion ?

Et après les bouquets ?

La notion de bouquets de contenus est liée aux technologies de diffusion des FAI. Les chaînes de flux ou les possesseurs de programmes de stock doivent s’entendre avec le Fai pour s’intégrer dans son interface et garantir leur diffusion. Dans ce modèle, le diffuseur/FAI est donc incontournable.

L’évolution des technologies de « streaming » et surtout l’arrivée du très haut débit (+ de 100 Mb/s) permettra de la diffusion directe vers le consommateur (voir ce qui se fait, aujourd’hui, avec une interface de navigation sur un PC avec Media Player ou Real Media). Les chaînes gratuites pourront trouver là un second souffle même si la multiplicité des offres amènera naturellement une érosion des parts de marché des leaders actuels que sont TF1 et M6.

Pour les chaînes payantes, par contre, les fournisseurs d’accès risquent d’être un point obligé dans une démarche de « one stop shopping » où le FAI sera chargé de facturer l’abonnement.

Il faudra également tenir compte des intermédiaires d’accès aux contenus. Je fais référence ici directement à Google qui a développé un moteur d’indexation aux contenu audiovisuel qui permet la reconnaissance de formes dans de la vidéo, couplé à la reconnaissance de la piste audio pour indexation automatique des unités d’œuvres audiovisuelles. Ce type de technologies, associées à des logiciels de flux personnalisé permettront aux utilisateurs de se configurer leurs propres chaîne de flux en fonction de leurs besoins.

Il s’agit là d’une formidable transformation  des modes de fonctionnements et des modèles économiques de la chaîne de valeur des médias et de l’audiovisuel en particulier.

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