Tous dans la même assiette ?
Nous avons enregistré plusieurs annonces ces derniers jours de la part des éditeurs de logiciels –Oracle, Microsoft, SAP- de l’Internet –Yahoo, Google- et des médias avec notamment les prises de participation de Time Warner et de News Corp.
Il semble que le nouveau terrain de jeux de ces acteurs soit la convergence de sites portails puissants associés à des services logiciels à la demande et des contenus vidéo et d’information pertinents.
Nous assistons bien à une évolution profonde de la chaîne de valeur de ces entreprises commerciales.
Google vient d’annoncer des logiciels de recherche pour le grand public et les professionnels (Google OneBox) qui vont le mettre en compétition directe avec Verity ou Exalead en France alors qu'il attaque Microsoft sur le terrain d'Office avec le rachat d'un traitement de texte disponible par Internet.
Microsoft envisage le même type d’application qui sera disponible dans Vista et Office Live à la demande et vient de lancer Live.com concurrent de Google Search...
SAP et Oracle (qui va lancer un OS basé sur Linux et peut être racheter Novell) développent à toute vitesse des applications à la demande pour contrer SalesForce.com et qui vont concurrencer les SSII.
Comme pour les médias qui ont vu leurs périmètres se modifier avec les nouveaux acteurs de l’Internet et surtout la disparition des frontières géographiques qui a modifié leurs modèles économiques, les entreprises de logiciels et de services vont devoir entamer une mutation. J’ai déjà écris dans différents articles les convergences entre FAI et SSII à venir mais c’est maintenant tout un secteur de cette industrie qui va être bouleversé.
Quelque soit l’angle sous lequel on se place on devine que la concurrence se fera sur la maîtrise de technologies clés et non plus uniquement sur les services et les contenus.
Cette nouvelle donne fragilise nos acteurs français de télévision qui sont peu présents sur le développement technologique et partiellement sur la production de contenus. Que peuvent faire TF1 ou M6 face à News Corp ou Time Warner qui produisent des séries mondialement diffusées, qui possèdent et renforcent leurs portails Internet par de la diffusion à la demande et qui maîtrisent maintenant leur technologie de recherche. Que dire de Yahoo qui combine technologie de recherche, d’affiliation publicitaire, diffusion vidéo (rachat de Meedio), agenda en ligne, messagerie, chat, blog, etc… De la même manière que peuvent faire nos acteurs logiciels comme Exalead face à des géants qui combattent également sur le terrain des services en ligne à coup de milliards de dollars et qui rachètent des parts de marché continuellement.
Ce qui est impossible pour un acteur local. J’avais déjà conseillé aux chaînes françaises de se préoccuper du marché canadien (Google, Yahoo, Amazon… et les médias : les limites de la diversification ?)
Le problème est qu’à force de proposer des services gratuits on pourrait penser qu’ils vont s’épuiser mais en fait il s’agit de produits d’appels financés par la publicité et qui renvoient vers des services payants beaucoup plus lucratifs. Leur quasi monopole au niveau mondial leur permet également d’amortir leurs concepts et développements sur les principaux marchés de la planète. Comme traditionnellement la publicité ira au leader et à celui qui sera capable de décliner des plans médias multisports y compris dans les blogs.
Restera-t-il de la place pour des acteurs régionaux (pays) ou devront-il entrer dans le modèle des réseaux affiliés américains qui rediffusent les contenus des grands réseaux un peu à la manière d’une franchise ? Peut-on imaginer TF1 franchisé de News Corp et M6 de Yahoo ?
Peut être pas de manière aussi drastique mais l’indépendance de mono médias va se réduire si ils n’entrent pas dans l’arène pour se battre avec les mêmes armes.
On parle également d'une offre de téléphonie mobile gratuite que pourrait lancer Google pour ses Internautes. Imaginez si chaque Internaute client de Google lui rapportait 1€ le CA généré financerait largement le service.
Rien n’est jamais acquis et nos médias européens peuvent organiser des fusions, rachats ou alliance pertinentes qui devraient leurs permettre de continuer de prospérer. La seule certitude c’est que le combat ne se cantonne plus au rendez vous de 20h et à la vidéo à la demande mais également à la maîtrise de technologies clés. La finesse de la stratégie de nos grands acteurs médias sera déterminante dans leur capacité à se réinventer. Le nouveau monde n’est pas un fleuve tranquille…