Je profite de cette occasion pour vous poster un extrait du rapport "Bourdier" auquel j'ai participé en 2000 et qui traite de ce point de convergence. Etant l'auteur de ce paragraphe je peux vous renvoyer au reste du rapport pour les aspects techniques.
6.4. Des concentrations qui appellent une vigilance particulière
6.4.1. Le champ de la convergence et la grande variété d'acteurs
Le développement des technologies de diffusion électronique et temps réel de l'information rend caduques les barrières verticales établies entre les acteurs médias, constructeurs et développeurs de technologies informatiques et réseaux et opérateurs de télécommunications :
Entre chaque type de média les frontières étaient bien établies avec les éléments suivants :
.Par type de contenus :
- Texte et image (qualité moyenne) : journaux,
- Texte et image de bonne qualité couleur : magazines,
- Son : radio,
- Video : télévision ;
Par délai de diffusion :
- Journaux : 1 jour,
- Magazine : 1 semaine à 1 mois,
- Radio : temps réel,
- Télévision : temps réel ;
Par coûts de production :
Cette segmentation disparaît car les technologies de on-line et Internet en particulier mélangent ces éléments :
- Mélange des contenus : texte, image, son et vidéo,
- Mélange des contenus de stock et de flux.
L'autre aspect qui pourrait déstabiliser les acteurs des médias est la non-limitation des canaux de diffusion de l'information.
Les médias traditionnels sont encadrés dans une logique de limitation de leurs concurrents directs du fait des coûts de production (journaux, radio, télévision) de la régulation et des technologies hertziennes (fréquences limitées pour la radio et la télévision).
Les nouvelles technologies et les réseaux rendent la compétition moins difficile, excepté pour les magazines, et les médias traditionnels ne sont pas tous préparés à une concurrence plus globale : sur Internet, le nombre de sites accessibles est potentiellement illimité.
Entre les fournisseurs de technologies et les opérateurs, les frontières étaient parfaitement définies : les seconds étaient les clients des premiers .
La convergence a commencé lorsque des sociétés comme Microsoft ont investi dans des câblo-opérateurs ou des entreprises de télécommunications par satellite. Les opérateurs ont répliqué en devenant, grâce à Internet, fournisseurs de contenus et de services.
Dans l'intervalle, le risque est de voir se constituer de formidables acteurs verticaux intégrant la production de contenus et de services, tous les processus de diffusion en ligne jusqu'aux consommateurs finals.
Nous pourrions ainsi voir apparaître des acteurs proposant un abonnement unique pour l'eau, le téléphone fixe et mobile (voix), la transmission de données (accès Internet), la fourniture de contenus (télévision, radio), la fourniture de services (de réservation : voyages, cinéma, etc. ; d'assistance : GPS, aide à la navigation, assurance, etc.)...
La fourniture de ce « bouquet de services » offrirait à cet opérateur un lien privilégié vers une base de consommateurs rendus « captifs » par le coût (financier ou logistique) de changement d'opérateur. On peut déjà observer le frein au changement d'opérateur de mobile lié à l'obligation de changer de numéro. La possibilité de conserver son numéro est un exemple de mesure simple qui devrait rendre plus libre le choix des consommateurs.