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  Christian Jegourel

 

    

20 décembre 2005 2 20 /12 /décembre /2005 12:45

La protection absolue des données numériques est une cause perdue car au fur et à mesure apparaitront des solutions de contournement et, excepté dans des secteurs sensibles, les coûts seraient disproportionnés au marché visé. De plus, la protection d'une l'industrie doit-elle permettre de telles mesures ?

Il faut se souvenir qu'avant l'invention du disque, puis du magnétophone et du magnétoscope ... cette industrie vivait sur la représentation (les salles de cinéma), la radio et la télévision. La production n'était pas ridicule !

Le téléchargement gratuit est irréversible à court terme, car il est passé dans les habitudes. De plus les majors ont fait leur propre tort en ne proposant pas dès le départ des offres payantes à coût réduit. Il est paradoxal qu’il soit plus simple de télécharger un morceau pour le lire sur tous les types de players que de l’acheter sur une plateforme payante qui restreint son utilisation à un type de baladeur ou à un player logiciel ! Néanmoins cette habitude devrait évoluer avec les technologies de diffusion et la notion de stockage virtuel…

La technologie évolue, les industries s’adaptent trop lentement

Il  s'agit simplement de l'évolution d'un marché face à de nouvelles technologies qui lui ont permis de se développer considérablement pendant un siècle. Aujourd'hui cette industrie vilipende les technologies. C'est cocasse. C'est quand même grâce au CD puis au DVD que l'essor des majors a été le plus grand. Remarquons que les majors ne plaignent pas du téléchargement sur mobiles.

Il faut accepter qu'une fenêtre de business se soit ouverte et maintenant se referme un peu. Toutes les industries sont confrontées aux évolutions: croissance, décroissance, modification des business models, etc... Pourquoi pas celle -ci ? Demandez aux agriculteurs européens se qu’ils pensent de la suppression de la PAC à l’exportation en 2013, aux industriels de la photo argentique du développement du numérique.

Il serait temps que l’industrie de l’entertainment prenne conscience que ses modèles volent en éclat et qu’il faut qu’elle se réinvente comme d’autres industries l’ont déjà fait. Posez la question aux éditeurs de journaux qui voient leurs parts de marchés se réduire et celle d’Internet se développer. Doit-on interdire l’information sur internet pour protéger les journaux ou les pousser à se développer sur ce nouveau média ? Devait-on interdire le numérique pour protéger l’argentique ?

Il est toujours tentant de protéger son activité en freinant le développement. Nous avons la mémoire courte mais les canuts de Lyon n’ont pas non plus appréciés l’arrivé du métier à tisser ni les éleveurs de chevaux l’invention de l’automobile. Pourtant les évolutions technologiques ont été un moteur de développement industriel et économique considérable.

L’industrie du disque a vécu pendant un siècle sur un modèle sans le faire évoluer : produire un support avec de 10 à 15 morceaux de musique. C’est quand même paradoxal que la limitation physique d’enregistrement du disque vinil ait servie de base à celle du CD où l’on peut mettre plus de morceaux. Et bien non, le CD s’est affiché au même prix que le vinil avec le même nombre de morceaux. Idem pour la vieille K7 qui a inauguré la taxe sur les médias vierges. A sa sortie toute l’industrie du disque criait au loup. C’est vrai qu’il y a eu beaucoup de copies entre particulier mais l’industrie du disque n’a pas disparu.

 Puis est arrivé le CD. Là les majors ont applaudi : enfin un support non copiable à ce niveau de qualité. Les revenus entre 1980 et 1990 ont explosés. Ensuite sont arrivé les graveurs de CD. Là de nouveau on crie au feu

Je sais qu’avec ce type de propos je ne vais pas me faire que des amis mais même si une industrie, ou plutôt une partie de cette industrie, car les intérêts des majors ne sont pas les mêmes que ceux des artistes, interprètes et ayants droits, est menacée de baisse de ses revenus, je pense que l’on ne peut pas tout brider pour un seul acteur. Dans le cas contraire c’est toute notre économie qu’il faut figer.

Les services et l’intermédiation devront enrichir les contenus.

Les industries de l’édition musicale, vidéo, jeux électronique etc… sont face à une énorme mutation dans la façon de produire et de consommer des contenus et services et ils devront apprendre à vivre sur un autre modèle économique. Car en fait, télécharger sur Internet n’est pas gratuit : un PC allumé ça consomme jusqu’à 30 € par mois. Ajoutez l’abonnement Internet, éventuellement le support CD vierge et le coût d’investissement du matériel informatique… Simplement le coût est noyé dans des services plus larges. Nous sommes passés d’une époque où le support était roi à celle du contenu roi et nous allons vers celle du service roi.

Le peer to peer devrait se réduire

A l’avenir peut être qu’il ne sera plus intéressant de télécharger des fichiers si ceux-ci sont disponibles en streaming partout, via des radios numériques personnalisables ou des chaînes de TV, des services de vidéo à la demande…

Ces services pourront être inclus dans un forfait et le coût quasi transparents pour le client. Après tout, lorsqu’on écoute la radio, c’est la publicité qui paie la musique que l’on écoute mais ce n’est pas gratuit. Lorsque l’on écoute et regarde une chaîne sur un bouquet, c’est l’abonnement qui permet de financer.

La notion de support physique local va se réduire rapidement quand les technologies de stockage de masse et les réseaux très haut débits (+ de 100 Mb) seront exploitables pour des services grand public. A ce moment là on parlera plus de l’économie du CD ou du DVD. Quel modèle pour un package, 10 musiques plus une galette de plastique, vendu 15€ ?

La notion de téléchargement « gratuit » n’est donc pas inéducable car il ne sera pas nécessairement intéressant de stocker sur son PC, lecteur MP3 et/ou DIVX des centaines de fichiers si ceux-ci sont accessibles immédiatement en permanence à travers le réseau.

Une évolution irréversible : la modification de la chaîne de valeur de l’industrie de l’entertainement.

Il faut totalement repenser cette industrie depuis la création des œuvres jusqu’au consommateur. Tous les acteurs vont devoir s’adapter depuis les artistes/interprètes, les maisons de productions, les distributeurs/diffuseurs etc… Il s’agit d’une réflexion en profondeur à faire rapidement car la technologie ne s’arrête pas et de nouveaux barbares (Google) sont en train de développer des empires (voir mes autres articles) sans se préoccuper de la segmentation actuelle de cette industrie.

Le consommateur entre au centre de la chaîne de valeur. Les technologies vont lui permettre de créer sa propre radio, sa propre chaîne au même titre que les blogs permettent de devenir son propre « éditeur ». Avec l’arrivée des vidéo blogs c’est encore une nouvelle étape.

Il est fondamental que nos industries et nos hommes politiques intègrent de manière permanente l’évolution des technologies dans leur réflexion afin de ne pas se murer dans des attitudes défensives, perdues d’avance.  Je crois que nous sommes en pleine discussion de loi DADVSI ?

Lorsque le vent se lève il y a deux attitudes : élever des paravents ou des moulins à vent. Dans le premier cas on bloque l’évolution jusqu’à ce que les barrières cèdent, dans le second on en profite pour créer des nouvelles richesses.
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commentaires

J
Article très intéréssant.Tu as très bien exprimé la transition qu'ils vont devoir prendre.D'ailleurs en ce moment nos FAI proposent de la TV HD, et de plus en plus de chaîne dans un forfait de base...Le futur sera surement comme tu dis à la diffusion en streaming de video/musique en wifi que l'on pourra capter de partout. On aura simplement à se créer des programmes perso  et les lire.D'ailleurs c'est un peu ce que je fais avec les radios sur Internet. Manque plus des baladeurs wifi pour les capter...Un autre modèle économique est donc à mettre en place. Je voudrais quand même rappeler que depuis le DVD les majors se font un fric incroyable... rien à voir avec la VHS...Alors les mamouths arrêter de nous faire chier.
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B
Très fine analyse du marché audiovisuel, idées claires et bien exprimées....Merci pour ce très interessant article :)<br />
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