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Les résultats des grands groupes de presse nord américains viennent d’être publiés et ils ne sont pas encourageants. Tous les indicateurs sont au rouge car les revenus publicitaires papier chutent et ceux des sites Internet ne compensent pas le déclin.
Les chiffres de février n’étaient déjà pas bons : « Presse quotidienne américaine en péril ? »
De nombreux experts prédisent même que les grands médias papiers deviendront de petites entreprises d’édition…
Il faut reconnaître que les chiffres ont de quoi inquiéter.
Le groupe Tribune, qui vient d’être racheté par un milliardaire de l’immobilier californien, a annoncé des revenus en baisse de 4% et un résultat en baisse de 16%. Les revenus publicitaires ont même décru de 6% pour le premier trimestre 2007.
Dans le même temps, les revenus de l’Internet ont cru de 17% mais cela ne représente que 60 millions de dollars et ne compense largement pas la perte de chiffre d’affaire dans le print. Plus alertant, sur l’année 2006, la progression du chiffre d’affaires de l’Internet avait cru de 30%. Il y a donc un net ralentissement des revenus tirés des opérations online dans plusieurs grands journaux américains.
C’est le même scénario au New York Time où les revenus publicitaires ont chuté de 3,4% entre le premier trimestre 2007 et la même période de 2006. Là encore, l’Internet progresse de plus de 21% mais représente moins de 10% du revenu total du groupe. Comme Tribune, le New York Time enregistre un ralentissement de ses revenus en ligne. La croissance était de 70% au premier trimestre 2006, 35% au second et 25 % au troisième. Il est donc vraisemblable que les revenus des journaux sur Internet suivent maintenant une croissance organique et ne soient plus en conquête de part de marché.
Même About.com, longtemps considéré comme un modèle pour les journaux papier, voit sa croissance ralentir.
Les lignes de revenus les plus importantes comme les petites annonces d’emploi, d’immobilier et d’automobile enregistrent des baisses à deux chiffres dans presque tous les grands quotidiens.
Même le groupe Gannett voit ses résultats chuter et rapporte des baisses de 4% en publicité et 3% dans les petites annonces.
Il semble donc que l’on s’achemine vers un déclin inéluctable du poids des journaux dans l’industrie des médias. Il va être de plus en plus difficile de continuer à produire du papier alors que les coûts rédactionnels ne baissent pas et devraient même augmenter.
Le résultat de l’évolution du monde de l’information.
Dans le passé un quotidien pouvait avoir plus de 75% d’information brute et le reste en articles de fonds ou d’investigations. La news brute ne coûte pas chère et elle remplie le journal. Avec les blogs, les journaux gratuits, l’explosion des sources d’informations sur Internet, la valeur aoutée d’un journal devient de plus en plus l’investigation et le rapport 75-25 va s’inverser. Sinon pourquoi acheter de l’information brute que l’on peut avoir gratuitement ?
L’équation devient compliquée car comment financer une rédaction forte avec de revenus en baisse et des coûts unitaires d’articles qui explosent ?
Au-delà des concentrations et des restructurations, il faudra bien trouver un nouveau modèle de fonctionnement.
La Tribune va annoncer 100 licenciements, Le Los Angeles Times plus de 150 et le Chicago Tribune 70. Le souci c’est qu’une partie de ces départs se feront dans la rédaction et vont affaiblir les ressources éditoriales au moment où elles auraient besoins d’être étoffées…
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