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  Christian Jegourel

 

    

11 octobre 2006 3 11 /10 /octobre /2006 16:03

Il est vraisemblable que l’acquisition de Facebook par Yahoo soit de nouveau à l’ordre du jour (ici). Reste que les conditions de négociation risquent d’être modifiées en faveur du vendeur car Facebook avait également entamé des discussions avec Microsoft et il y a fort à parier que l’opération « YouTube » inquiète très fortement MSN et Yahoo. Qui des deux entreprises mettra sur la table le plus gros chèque ?

Celui qui a le plus de moyen et le plus besoin de Facebook. Et à cette question, la réponse est : les deux. Car ni MSN ni Yahoo n’ont réussi réellement à percer dans l’espace communautaire face à YouTube et MySpace. Néanmoins la pression semble plus importante, à court terme sur Yahoo qui voit son cours de bourse au plus bas depuis 52 semaines. Je sais que pour certain ce n’est pas un indicateur mais c’est le carburant d’une entreprise cotée, et toute baisse de cours entraine des difficultés de croissance.

Les rumeurs les plus folles circulent d’ailleurs aujourd’hui, dont l’une peu crédible, à mon avis serait celle d’un rachat de Facebook par Google pour 2,3 milliards de dollars.

 

Yahoo était d’ailleurs en négociation avec YouTube mais visiblement n’a pas été assez réactif. Si Yahoo reste un site majeur de l’Internet, sa capacité financière « n’est que » de 4 milliards de dollars et sa capitalisation de 34 milliards face à Google 10 milliards de cash et 130 milliards de capitalisation. Le rapport de force est signification en faveur de Mountain View.

Sur le plan business, le trafic de Yahoo est de 400 millions de visiteurs par mois et reste un site majeur pour la publicité mais depuis quelques mois les initiatives de Viacom et surtout de MySpace ont entraîné des déplacements de budgets publicitaires en sa défaveur.

Coté Microsoft, le géant de Seattle vient de sortir son « YouTube like », Soapbox, la fréquentation reste à trouver et combler le retard avec YouTube (34 millions de visiteurs unique en aout 2006), surtout avec le renfort de Google, risque d’être très difficile. Il faut donc des relais de croissance à l’audience et qui mieux que Facebook peut les fournir ? Sur le plan site social, Microsoft n’a rien à comparer avec MySpace et Facebook et ce n’est pas la spinoff Wallop qui suffira à combler le retard (voir ici). L’acquisition devient presque nécessaire. Lors d’une conférence récente, Steve Ballmer a indiqué avoir une stratégie à très long terme contre Google. Même si on peut raisonnablement croire ces propos, la puissance de Google va rendre la compétition de plus en plus difficile. Même si pour mémoire, les deux entreprises affirmaient en ce début d’année ne pas être concurrentes (voir cette analyse). Microsoft est très impliquée dans le développement de services vidéo avec ses technologies de réseau (Whale Communication) et de medias center (fournies à Club Internet chez nous) et l’accord récent avec Blinkx (moteur de recherche et d’indexation de contenus vidéos – voir ici). Peut être est-ce par ce biais que Microsoft envisage de revenir en force ? Pour moi il s’agit néanmoins de deux approches radicalement différentes. L’une est basée sur la capacité de distribution de contenus par des technologies, l’autre est basée sur la captation de « clients » consommateurs/ producteurs. Il est très difficile de prévoir comment va évoluer le marché et quelle seront les attentes de consommateurs mais par expérience, celui qui possèdent les clients à toujours emporté le marché.

D’autres entreprises que Facebook sont bien sûr dans l’œil de MS et Yahoo et sans être exhaustif on peut citer Guba, Daily Motion, Vpod Tv ou le petit dernier des espace communautaire qui cartonne : Islandoo

Cela pourrait également relancer les rumeurs sur un rapprochement entre MSN et Yahoo, que personnellement je trouve réaliste car une fusion aurait du sens (ici et ici), j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire, et la compétition entre eux deviendrait une alliance car Google vient de prouver qu’au-delà de sa créativité technologique il savait également jouer la stratégie financière et industrielle. Le cours de bourse de Google est monté après l’annonce du rachat et compense plus que largement le coût de l’acquisition.

Comment gagner plus en dépensant plus. Une équation que beaucoup de chefs d’entreprises aimeraient résoudre…

L’autre effet induit risque d’être la course au rachat d’entreprises concurrentes pour les restants comme Viacom. Cela peut faire le bonheur de quelques start up mais si l’acquisition est payée trop chère, cela ne fera qu’accroître le fossé avec Google. Car le prix d’une entreprise, je l’ai déjà précisé, ne peut pas être le même pour tous les acquéreurs. Cela dépend de votre métier de base et des apports du périmètre de l’acquisition. C’est clair que pour Google, YouTube est parfaitement complémentaire et que la synergie dégagée justifie ce prix, je ne suis pas sûr que pour d’autres la valeur ajoutée soit la même. Reconstruire une martingale gagnante pour les autres acteurs des médias et de l’Internet va être compliquée et des rapprochements eut être surprenant pourraient se faire. Inutile de redire que dans ce contexte, les acteurs nationaux sont de plus en plus fragilisés et que la constitution d’un grand groupe de communication français est plus que vital. Serait-ce rêver que d’imaginer des réunions d’actifs entre Vivendi, TF1 et Lagardère ?  Il y a là motif à trouver des synergies et une vraie valeur ajoutée.

Christian Jegourel

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2 octobre 2006 1 02 /10 /octobre /2006 16:41

l’information à la télévision se posent tous les mêmes questions à l’heure où leurs contenus deviennent disponibles sur la TNT , le satellite, le câble, l’internet, le mobile et les autres appareils nomades de loisir numérique.

  • Comment gagner de l’argent sur ces nouveaux canaux de distribution ?
  • Comment satisfaire la demande croissante de vidéo des consommateurs ?
  • Comment maintenir la notoriété de leur marque sur toutes les plateformes ?

Des réponses seront peut-être apportées lors de la prochaine session de NewsNext. En attendant, la première édition de cette conférence, organisée au Palais du Luxembourg ce vendredi par Alexandre Farro de So Pleased et le cabinet de conseil Headway International dirigé par Serge Schick et Arnaud Dupont, a eu le mérite de poser le débat.

Dans ce compte-rendu partiel et volontairement partial, j’insisterai sur les enjeux éditoriaux auxquels sont confrontés les grands médias ou diffuseurs de contenus cités plus haut. Pour bénéficier d’un point de vue complémentaire, je vous renvoie aux articles de mes camarades Jérôme Bouteiller sur Neteco et Joël Wirtzel dans Satellifax.

Il me semble intéressant de commencer par le journal de 20 heures des chaînes généralistes, sous un éclairage journalistique puis marketing.

Paul Nahon, directeur général adjoint en charge de l’information sur France 3, ancien producteur et co-présentateur du magazine « Envoyé spécial » avec Bernard Benyamin, estime que le service public doit se différencier sur le contenu de ses journaux. Dans un contexte d’accélération de l’information, de course au scoop et au direct, il souhaite plus de qualité, plus de distance et plus de vérification dans le traitement des infos. Il est rejoint sur ce point par Jean-Claude Dassier, ancien journaliste lui aussi et aujourd’hui directeur général de LCI. Selon lui, « l’heure est venue de prendre son temps. La lenteur est désormais une qualité dans les chaînes d’information permanente… sans pour autant roupiller ». Cette analyse éditoriale est corroborée par les analyses marketing.

Médéric Albouy, directeur adjoint des études à France Télévisions, explique que le citoyen consommateur d’info est face à une offre surabondante. « Le téléspectateur est déjà informé avant, le journal télévisé n’a donc plus besoin d’être exhaustif. (…) Sur un JT de 40 minutes, il y a un roulement des téléspectateurs. Les courbes d’audiences montrent par exemple que le sacro-saint 20H démarre plutôt à 20H10, juste après les Guignols de l’info sur Canal+ et le 6 Minutes de M6.(…) Les téléspectateurs sont généralement en attente des titres ou du dossier de la grand messe du soir. De plus en plus, le champ de l’info s’ouvre au péri-informatif avec des reportages people, culture ou science.(…) L’audience des JT de TF1 et France 2 s’est maintenue au fil des années, en dépit de la multiplication des moyens d’information, mais le public est plus exigeant sur la qualité ». Contrairement à ce que pense Loïc Le Meur, et comme j’ai déjà eu l’occasion de lui écrire, le 20H est un format pérenne et fédérateur sur les chaînes généralistes. Mais ce contenu est en train de s’affranchir du média TV. Le concept du 20H doit donc être décliné sur le web et le mobile.

Sous l’effet de la convergence, les grands médias anglo-saxons (je trouve les français à la traîne) ont annoncé des stratégies multi-plateformes ambitieuses. A l’initiative de son directeur général Mark Thompson, la BBC a lancé au printemps le programme « Creative Future » riche en expérimentations autour de la vidéo à la demande et de la participation des téléspectateurs / télénautes. Dernier rejeton en date du service public britannique, un format court et rythmé destiné aux jeunes : STORYfix est un montage en 7 minutes des principales informations de la semaine, disponible en VOD à streamer et en podcast à télécharger. Si ce nouveau programme vidéo rencontre le succès sur le web, la BBC devrait pratiquer le « reverse engineering » en diffusant courant octobre ce VODcast / Podcast sur une de ses antennes broadcast de la TNT. Originale , cette manière de reconquérir le jeune public !

Chez le concurrent direct, SkyNews, l’innovation est également au rendez-vous. Simon Buck, l’un des rédacteurs en chef de la chaîne info britannique de News Corp, a diffusé pour la première fois en public une démonstration vidéo des services interactifs sur lesquels travaille son groupe. Mélange de télévision, d’internet et de vidéo sur mobile, certaines applications font appel aux contributions directes des téléspectateurs en vidéo. Très impressionnant ! Selon une étude commanditée par SkyNews, plus de la moitié des individus sont près à abandonner leur téléviseur s’ils devaient choisir entre la TV et le PC comme terminal de consultation. SkyNews a d’ores et déjà intégré ses rédactions TV et Internet pour éditer ses contenus en multi-plateforme.

Pour terminer sur les contributions des téléspectateurs à l’antenne, le « user-generated content » dont je parle régulièrement , je vous propose une interview vidéo de l’un des intervenants de cette conférence NewsNext. Il s’agit de Jean-Paul Billault, rédacteur en chef à l’agence de presse CAPA Télévision, dirigée par Hervé Chabalier. Cet été, Jean-Paul a vu arriver à lui des particuliers qui lui ont proposé des images vidéo inédites. Dans un cas, ce sont des vacanciers qui étaient au Liban lorsque le conflit avec Israël a éclaté. Avec leur caméscope, ils ont filmé de manière impromptue une famille du Hezbollah. Dans un autre, ce sont des jeunes de banlieue, à Clichy et Montfermeil, qui ont filmé sans tabou leur quotidien pendant plusieurs mois après les émeutes de novembre 2005. Des images qu’aucun journaliste professionnel n’aurait pu réaliser. Certains de ces documents sont en cours de vérification et de production chez CAPA pour une diffusion d’ici la fin de l’année sur une chaîne de service public.

Jean-Paul Billault insiste sur le fait que ce contenu vidéo auto-produit n’est pas de l’information, mais du témoignage. Cela ne remet donc pas en question le modèle des chaînes de télévision. Ecoutez-le sur la réappropriation de la télévision par le public et la nécessaire éducation des jeunes aux médias, c’est passionnant !

 

Interview réalisée avec un vidéophone Nokia N90 (en attendant le N93 encore plus performant), format natif vidéo MPEG-4 de 352 x 288 pixels. Remerciements à Nokia France

Laurent Esposito

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27 septembre 2006 3 27 /09 /septembre /2006 18:09

Le problème de compatibilité entre nos différents terminaux électroniques commence à devenir préoccupant et une demande a été émise à lors d’une conférence internationale cette semaine pour une convergence fluide.  
La demande émane de scientifiques qui prédisent l’accroissement de l’usage de terminaux mobiles connectés via des signaux radios. Mais au-delà de ce vœu pieu qui permettrait aux utilisateurs d’interconnecter tous leurs appareils sans se préoccuper de leur localisation, il existe de vraies guerres industrielles et commerciales.

Rien qu’entre la 3G et le Wimax, les enjeux entre constructeurs et opérateurs rendent difficiles une convergence rapide.

D’un coté le monde de télécommunication représenté par les opérateurs (SFR, Orange et Bouygues en France) et les équipementiers (Alcatel, Nortel, Ericsson…). Ces acteurs qui disposent d’infrastructures et d’équipements existants poussent à l’évolution en douceur du GSM actuel vers le HSDPA et une convergence lointaine vers le tout IP. Ceci afin de garder la maîtrise de leur clientèle et éviter le gratuit avec la voix sur IP.

De l’autre les constructeurs de composants informatiques et les nouveaux entrants qui possèdent des licences Wimax. Ce dernier groupe milite pour le déploiement d’infrastructure Wimax, avec Handover, qui pourrait purement et simplement remplacer les réseaux GSM existants et servir à la fois pour le transport de la voix sur IP et l’accès à Internent.

Le groupe précédent voie cela d’un mauvais œil car cela signifierait que les investissements actuels dans les infrastructures ne leur serviraient plus comme barrière d’entrée pour de nouveaux concurrents. Sans parler des états européens qui ont vendu des licences UMTS pour plus de 100 milliards d’euros en Europe. Que faire dans ce cas ? Rembourser les opérateurs ou les laisser en concurrence contre de nouveaux entrant qui ont payé leurs licences quelques dizaines de millions ? Pas simple à trancher. Comme on le voit, le problème n’est pas seulement technique, il est également politique.

Tant que les opérateurs actuels pourront bloquer le marché, il n’y aura pas d’évolution. Le salut pourra venir de plusieurs facteurs concomitants : le déploiement d’infrastructures Wimax par des opérateurs nouveaux, comme Free en France, qui ont une licence nationale ; la baisse rapide des composante Wimax rendue possible par une large adoption du monde informatique et enfin par des initiatives comme celle de Jajah qui permettent aux utilisateurs de GSM de téléphoner à l’étranger via un numéro local rerouté en mode IP (voir article sur Techcrunch ici).

Pour ma part, je pense que le monde de l’informatique va l’emporter et il semble que ce soit également l’idée de Free lorsque le groupe à racheté Altitude Telecom.

Si d’autres initiatives comme Jajah se développent, les opérateurs actuels n’auront plus le choix et devront rapidement migrer leurs réseaux car leur modèle économique est bien adapté au paiement à l’acte (à la minute) mais peu au forfait pour une consommation illimitée.

Christian Jegourel

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21 septembre 2006 4 21 /09 /septembre /2006 15:20

Vous l’aurez remarqué, cette rentrée du web 2.0 est résolument tournée vers les applications vidéo. On peut même dire que l’on assiste à la première rentrée de la TV 2.0 ; avec, comme lors de toute rentrée, des parents anxieux, impatients de la réussite de leurs chérubins, et des enfants qui eux ne pensent pas encore à l’argent, mais juste à afficher fièrement leurs marques branchées dans la cour d’école et à copier le voisin.

Dans les familles les plus anciennes et les plus fortunées, on trouve Microsoft, News Corp et Google. Leurs rejetons se prénomment respectivement MSN Vidéo, MySpace Vidéo et Google Vidéo Store. Mais on notera l’arrivée dans la cour des grands, en cette rentrée 2006, de nouveaux joueurs, des « pure players » du web 2.0, dont les trois caractéristiques principales sont une capacité à cristalliser autour d’eux des communautés, une forte augmentation des usages, enfin des ressources financières beaucoup plus limitées. Ces petits nouveaux, en pleine croissance, s’appellent YouTube et DailyMotion. Et leurs petits cousins WAT.tv, Kewego, Vpod.tv ou ScrOOn (que j'ai vu tourner - très impressionnant - mais sur lequel je suis tenu au secret jusqu'au lancement), chacun sur un positionnement spécifique, marchent dans leurs pas. Pour suivre leurs progrès et leurs apparitions médiatiques, rendez-vous chez le surveillant général, Jérôme, qui publie chaque semaine sur son blog les carnets de notes de la TV 2.0.

La question à présent est de savoir qui sortira major de promo dans la section vidéo ? Avec pour récompense l’accession à la nouvelle catégorie des grands médias numériques, individualisés et délinéarisés, en passe de rivaliser avec les médias traditionnels, de masse et à consommation simultanée, comme la télévision.

Quels seront les critères d’évaluations des candidats ? A mon avis, les deux critères objectivables et relativement communs dans l’univers des médias sont d’abord l’audience – autrement dit la capacité d’un service à générer un trafic, à fidéliser un public et à accroître les usages – et ensuite la monétisation –  c'est-à-dire sa capacité à générer des revenus suffisants pour assurer son développement, sa pérennité et la satisfaction de ses actionnaires. La notoriété de la marque, la qualité voire l’exclusivité des contenus, l’ergonomie du site, le caractère non intrusif de la publicité, la qualité de service, la capacité à écouter les besoins des utilisateurs seront d’autres critères déterminants, mais pas suffisants. Dans un contexte de forte compétition entre services vidéo gratuits, les internautes 2.0 seront volatiles, exigeants et volontiers critiques.

Deux approches semblent aujourd’hui à l’œuvre côté produit, mais il est probable qu’elles finiront par converger rapidement. D’un côté, la diffusion de contenu vidéo professionnel ; de l’autre, le partage communautaire de vidéos personnelles (mais parfois professionnelles, néanmoins, pour les publicités humoristiques et autres détournement / piratage / remontage d’émissions TV, de clips musicaux et de bandes-annonces ciné).

Diffuser du contenu pro, c’est le parti pris de MSN Vidéo qui vient de se lancer en France avec un positionnement fort sur le divertissement et la cible des jeunes internautes, comme l’explique l’article de Pascal Galinier et Olivier Zilbertin dans Le Monde.

« Le tout est extrait du catalogue des différents partenaires de MSN Vidéo : i-Télé (groupe Canal+), qui diffuse sur MSN deux journaux par jour, CanalJ et Filles TV (groupe Lagardère), Musicbrigade (le site de vidéos musicales de Sony et EMI), et surtout Endemol. Le roi de la télé-réalité ("Star Académie"...) a ouvert cinq années d'archives à MSN, soit plus de 2 300 films. MSN, qui a aussi reconduit ses accords passés avec Eurosport et Allociné. Olivier Marcheteau, le directeur général de MSN et Windows Live France, promet "une vingtaine de nouveaux services dans les six mois".

Les programmes sont donc gratuits pour le consommateur, le service étant financé par la publicité : le "web-spectateur" doit accepter une coupure incontournable tous les deux films. Apparemment, cela ne lui pose pas de problème : après quinze jours, MSN annonce 6 millions de films vus par 1 million de visiteurs. Un modèle économique inédit chez Microsoft, qui traduit un véritable choix stratégique. »

Avantage du contenu pro :  il rassure les annonceurs qui souhaitent associer leur marque / leurs produits à des vidéos de qualité et à un environnement éditorial maîtrisé. Le potentiel de monétisation publicitaire est supérieur à celui du contenu généré par les utilisateurs (UGC, User-Generated Content). Inconvénient : il faut investir dans la production ou l’achat de droits audiovisuels.

Diffuser du UGC, c’est à l’ inverse le choix de WAT.tv (qui ne m'a pas convaincu techniquement pour n'être pas parvenu à uploader une vidéo de 90 Mo), lancé cet été par le groupe TF1. Dans ce modèle, les coûts de production vidéo sont nuls car supportés par l’utilisateur qui tourne et monte lui-même ses vidéos. La plateforme doit en revanche assumer les coûts d’hébergement et de distribution (qui se comptent en millions de dollars chaque jour pour YouTube compte tenu de son succès phénoménal) et tenter de monétiser un contenu non maîtrisable. Pas évident d’atteindre la rentabilité à court terme.

Je pense que l’avenir de la vidéo sur le web – et par extension l’avenir de la TV 2.0, individualisée et délinéarisée – appartiendra aux sites capables de mélanger intelligemment les contenus vidéo pro et perso. La clé du succès repose sur un équilibre entre communautés, perméabilité et éditorialisation des contenus ; un équilibre à même d’accroître les usages et par conséquent la monétisation publicitaire (je mets volontairement de côté les revenus de la VOD sur les contenus vidéo premium loués /achetés par les utilisateurs).

C’est ce modèle convergent qui commence à apparaître sur toutes les plateformes UGC : YouTube vient de signer des accords avec Warner et le groupe Disney, tandis que MySpace – qui débarque en France – s’apprête à diffuser les séries TV phares de la Fox comme « 24 heures ».  Rupert Murdoch, patron de News Corp, annonce d’ailleurs clairement ses ambitions et ne fait pas dans la demi-mesure : d’ici la fin de l’année, MySpace Vidéo devrait dépasser YouTube et ses 100 millions de vidéos regardées par jour. Etant donnée la faiblesse du produit MySpace Vidéo, que j’ai testé récemment, c’est un beau challenge…

Microsoft avance à grands pas également vers l’agrégation des contenus vidéo professionnels et personnels.  Le service MSN Soapbox qui démarre aux Etats-Unis est un clône de YouTube. Cette plateforme devrait à terme s’interfacer avec MSN Vidéo mais aussi les blogs Windows Live Space et la messagerie instantanée Windows Live Messenger. J’imagine aussi que les requêtes vidéo dans le moteur Live Search constitueront de puissants affluents des services vidéo de Microsoft. Une belle illustration de ce que j’appelle l’équilibre entre communautés, perméabilité et éditorialisation des contenus.

Cette nouvelle génération de médias numériques, les « Social Media Networks », est très prometteuse. A tel point qu’elle renvoie à leurs chères études les médias traditionnels. L’arrivée de Didier Quillot, en provenance d’Orange, à la tête de Lagardère Média ainsi que la réorganisation du groupe TF1 autour de 6 pôles de contenu sont une amorce de réaction, à défaut de proactivité ou de véritable plan stratégique industriel. La bagarre s’annonce serrée dans la cour de récrée entre les cadors de la TV et les petits nouveaux du web. Elle se jouera certainement à coup d’acquisitions et d’alliances spectaculaires dans les prochains mois. So, stay tuned !

Et vous, quels sont vos pronostics ? Qui va l’emporter ? Pourquoi ?

Laurent Esposito

Site web : Télévision et vidéo numérique

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19 septembre 2006 2 19 /09 /septembre /2006 16:57

Après Lagardère qui a annoncé la nomination de Didier Quillot pour piloter un pôle regroupant les magazines et la radio/TV/Internet, c’est au tour de TF1 d’annoncer une nouvelle structure en six pôles.

C’est la traduction dans les fais d’une prise de conscience progressive de la redistribution des cartes pour les médias traditionnels. La poussée des initiatives Internet et surtout les investissements considérables de groupes américains comme News Corp crédibilisent, aux yeux des décideurs français, la réorientation des consommateurs vers de nouveaux vecteurs de diffusion.

Comme certains doivent regretter l’époque bénie où les médias étaient clairement séparés, où le nombre de fréquences TV limitait, de fait, le nombre de concurrents, où la force d’un groupe de presse lui permettait de « contrôler » la distribution …

Cette époque est clairement révolue et même si, en France, le changement ne se fait pas encore trop sentir dans le chiffre d’affaires, la part de marché d’Internet dans l’univers de l’Entertainment va considérablement grossir au détriment des acteurs existants.

Il était surprenant de ne pas voir nos groupes français réagir à cette évolution et les analystes financiers commençaient à ne plus être tendres avec Lagardère, Bouygues ou Vivendi. J’ai déjà détaillé ces interrogations dans trois analyses : Free et Bouygues Telecom quelles perspectives dans l’évolution de la chaîne de valeur Internet, Faut-il démanteler Vivendi et Bouygues ?, Lagardère et Bouygues savent-ils où ils vont ?

Les annonces récentes vont-elle dans le bon sens ?

Il est un peu tôt pour répondre à cette question et il faudra suivre attentivement ce que donnent ces réorganisations, en espérant que les stratégies évoluent rapidement.

Quoiqu’il en soit nous pouvons déjà analyser quelques signes.

Pour Lagardère

Il devenait évident qu’avec Internet qui marie texte image son et vidéo, la séparation de la division magazine des activités « actives » semblait dépassée. La réunion de ces deux pôles sous un même patron va donc dans le bon sens. Il conviendra donc de voir quelle va être la stratégie de Didier Quillot. Cette nomination n’est pas neutre car l’homme vient du secteur industriel des télécom et même si il a su amorcer une convergence du contenu et du contenant, il vient d’un secteur où la compétition se fait sur une infrastructure lourde.

Saura-t-il transformer ses acquis pour définir une vision multipolaires pour reprendre un terme à la mode où les clés du succès ne seront plus dans la maîtrise combinée du contenu et du contenant mais dans la captation de l’abonné d’usage à travers des sites de services et de contenus collaboratifs ? Rien n’est moins sûr car les acquis culturels sont toujours très forts, on l‘a vu chez Microsoft qui a vraiment eu du mal à intégrer Internet et pour un acteur média, la rapidité de déclinaison de services sera plus importante que le « verrouillage » des contenus à travers des marques fortes. D’autant que la culture maison ne favorisera pas cette mutation.

Il va falloir faire un mixte entre des sites de contenus purs comme Elle (en améliorant le service quand même) pour concurrencer AuFeminin et des sites de services comme MySpace ou YouTube pour les plus connus, qui capteront ce que j’appelle des abonnés d’usages servant de relais aux contenus « payants ».

Ensuite un élément marquant sera la réorganisation de l’équipe dirigeante car ce groupe est bien connu pour ses baronnies et changer de pilote ne suffit pas à faire une voiture de course performante si le reste ne suit pas. De nouvelles nominations et un management relooké sera donc nécessaire pour faire les réformes nécessaires à l’adaptation de Lagardère aux défis de l’Internet. Dans le cas contraire marier les contenus magazines et audiovisuels avec une stratégie multi supports butera sur l’organisation.

Il semble que le cours de bourse ne profite d’ailleurs pas de cette annonce, ce qui tend à prouver que les analystes restent encore sceptiques. Si le jour de l’annonce le cours avait atteint les 57€ il est depuis retombé en dessous de 55.

Monsieur Quillot il va falloir afficher une stratégie claire. Le groupe possède néanmoins beaucoup d’atouts et avec une stratégie efficace et des équipes en ligne, cet acteur média international devrait revenir au premier plan qu’il n’aurait jamais du perdre.

Pour TF1

La question est différente puisqu’ici on prend les mêmes et on recommence. Pas donc de nouvelle nomination mais une organisation par branche pour le leader français de la télévision gratuite. Enfin réorganisation limitée car il n’y a pas de restructuration annoncée uniquement la création de six pôles qui seront charger de piloter le groupe.

Je suis très sceptique vis-à-vis de cette annonce en demi-teinte.

En effet la séparation de du cinéma, de la jeunesse, de l'information, du sport, de la fiction, et d'un ensemble musique, variétés et divertissements est le reflet d’une vision de diffuseur et non pas d’une préoccupation client ou consommateur. On peut être jeune et intéressé par le divertissement et le cinéma…

Comment faire ? Cette annonce me semble donc purement médiatique et ménage largement les baronnies du groupe et ne changera probablement rien à la situation de TF1 face aux nouveaux modes de consommation des programmes audiovisuels.

L’autre alternative est que ce soit une annonce en trompe œil pour abuser ses concurrents. Mais j’y crois peu.

C’est d’autant plus dommage que si Lagardère est titillé par Internet, la répartition de ses actifs lui permet de se maintenir. Pour TF1 le danger est beaucoup plus grand car il est un intermédiaire dans la chaîne de valeur entre les producteurs de contenus et les consommateurs. Le raccourcissement de cette chaîne de valeur où les consommateurs peuvent accéder à des programmes audiovisuels sur Internet menace le cœur du modèle économique de la chaîne. Le groupe doit donc effectuer un changement en profondeur s’il ne veut pas décliner. Le phénomène est d’autant plus pernicieux que le déclin va se produire rapidement. S’il est prévisible, les signaux économiques sont encore faibles et il faut donc avoir une vision des initiatives Internet des grands médias américains pour percevoir le cataclysme qui pourrait s’abattre sur les chaînes de télévision.

Les différentes annonces de News Corp qui est, parait-il, le modèle de Patrick Le Lay devraient lui donner matière à réfléchir et particulièrement celle de son retrait du satellite pour réorienter ses investissements dans l’Internet. Quoique sur ce point, TF1 soit sorti de TPS. Réaffectera-t-il cette somme aux nouveaux médias ?

Pour le moment, dans l’Internet et les médias collaboratifs, le groupe à du retard et ce ne sont pas les initiatives comme WAT ou les quelques pourcents investis dans une plateforme de blogs qui suffiront pour bâtir une vrai stratégie multimédia.

Tant qu’il n’y aura pas une réorganisation autour de la notion de production de contenus et la diffusion multi supports, le groupe sera fragile. Il s’agit d’une réorganisation dans son fonctionnement et non d’une simple annonce de création de pôles. J’avais schématisé rapidement se que pourrait être cette structure dans cet article : Les entreprises de medias engagent la bataille sur Internet.

Gageons néanmoins qu’il y a dans ce groupe une vraie stratégie à déployer mais sauront-ils se réorganiser au risque de s’attaquer aux baronnies pour se mettre en phase avec le marché avant que celui-ci se modifie en profondeur ? Rien n’est moins sur tant que Patrick Le Lay restera aux commandes. Et si cette annonce était une forme d'au revoir afin de pourvoir dire je laisse le groupe en ordre de marche avant de passer la main. Le fait est que les rumeurs de remplacement vont bon train depuis le printemps et quelles se sont renforcées même si Martin Bouygues l'a nié.

Christian Jegourel

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12 septembre 2006 2 12 /09 /septembre /2006 16:27

L’accès Internet et la téléphonie mobile sont des marchés neufs, d’une dizaine d’années et font penser au marché de l’imprimerie il y a deux siècles. A ses origines, l’imprimeur fabriquait son papier, rédigeait ses articles, composait sa matrice d’impression, imprimait l’ensemble et diffusait son « journal » Depuis le marché s’est structuré.

Pour moi les marché de l’Internet et du mobile, c’est comme si une entreprise de transport possédait ses autoroutes, ses camions et achetait les marchandises qui transitent pour les revendre à l’arrivée.

Ces marchés de la communication devraient donc se structurer de la manière suivante : d’un coté les infrastructures et de l’autre les contenus et les services. Si ont veut faire un parallèle d’un coté des « TDF » et de l’autre des « TF1 ».

Quels impacts pour les organisations actuelles ?

Prenons l’exemple de Bouygues Telecom et Free car ils sont dans une logique semblable vis-à-vis de cette problématique.

Pour Bouygues Telecom cela signifie séparer la partie infrastructure du réseau mobile et sa partie services clients qui possède la base d’abonnés et développe une logique de contenus/services.

Cette séparation permettrait à chacune des entités de maximiser ses profits en se concentrant sur ce quelle sait faire. On peut imaginer que la partie infrastructure développe un réseau Wimax demain et que la partie service cherche à louer des capacités ADSL et, demain, fibres optiques pour fournir à ses clients des contenus et services multi supports sans rupture de charges. On peut même imaginer, puisqu’ils sont dans le même groupe, une fusion de cette partie services avec la division multi médias de TF1.

Cette séparation de la « couche » transport de la couche « contenus/ services » leurs permettrait de se concentrer sur la valeur ajoutée par client sans avoir en arrière pensé les « limitations » qu’impose le passage par le transport « maison ». Rien n’empêcherait en effet cette structure de services d’avoir un accord avec des concurrents de la « couche » transport…

C’est une révolution culturelle pas facile à faire mais le marché va l’imposer car les concurrents sont déjà aux portes. Nous y reviendront.

C’est la même logique pour Free

Jusqu’ici le FAI a fait tout lui même, avec une R&D limitée mais performante qui nous a régulièrement proposée des innovations avant tout le monde. Comme je l’ai déjà écrit, les récentes incursions d’Intel, Cisco et Microsoft dans la gestion d’infrastructures de services et autres set top box amènera inévitablement les FAI à standardiser leurs outils. Free pourrait donc se scinder en deux parties : une chargée de déployer et d’exploiter les réseaux ADSL, fibres optiques et Wimax, l’autre chargée de commercialiser les services et contenus multi supports. Cela faciliterait d’ailleurs la vente en gros de bande passante que Xavier Niel a annoncé pour rentabiliser l’investissement de 1 milliard d’euro dans la fibre.

Ces recomposition des activités auraient également l’intérêt de refaire monter les cours de bourses car les investisseurs aiment bien ce genre de montages qui augurent d’une bonne compréhension de l’évolution des marchés. Nous sommes dans une économie qui évolue tellement vite qu’il faut en permanence adapter les structures de fonctionnement sous peine de se voir dépasser.

Attention aux nouveaux entrants

Si ce scénario de la recomposition de la chaîne de valeur se vérifie, il va falloir sérieusement surveiller les GYM car leur stratégie est bien d’être au cœur du service/contenu. Avec leurs différents outils de messagerie instantanée, les moteur de recherche sur le net et mobile, la fourniture de contenus multi supports et leurs sites communautaires ils sont bien positionnés pour bénéficier de cette structuration. Ils vont disposer de réseaux fixes et mobiles qui leurs permettront d’atteindre leurs clients partout sans rupture de charges. C’est la raison pour laquelle j’avais écrit il y a quelque mois qu’un des facteurs clé de succès serait la maîtrise de la technologie. L’autre étant la maîtrise de la production de contenus.

Cette logique n’est pas seulement applicable aux FAI et opérateurs, toutes les industries qui sont impactées par la modification de leurs relations clients avec Internet sont concernées. Le secteur financier et la distribution devront également réfléchir à cette problématique mais cela fera l’objet d’un autre papier.

Christian Jegourel

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11 septembre 2006 1 11 /09 /septembre /2006 18:26

Avec l’annonce en demi-surprise de Free, après les indiscrétions de Jean Michel Billaut, du déploiement d’un réseau de fibres, les autres FAI vont se mettre en ordre de bataille.

Pour France Telecom, aucune surprise, l’opérateur historique avait annoncé cette stratégie il y a bien longtemps avec comme objectif la fibre jusqu’à l’abonné. Une offre de location de bande passante devait être proposée afin de rentabiliser les investissements et permettre aux autres FAI de proposer des services concurrents de ceux d’Orange. Pour les autres rien n’est encore annoncé mais il est prévisible que Neuf Cegetel s’engage dans le déploiement de sa propre infrastructure. Les coûts estimés du déploiement d’une offre fibre se chiffrent à plusieurs milliards d’euros soit largement plus que ce que propose d’investir Free. Il est donc peu probable que beaucoup de FAI se lancent dans le développement d’une infrastructure propre. C’est pourtant une des clés de la maîtrise de l’offre et ceux qui ne le feront pas risque de voir disparaitre leurs facteur différentiant.

C’est là que Noos pourrait redevenir intéressant.

Lorsqu’au printemps 2006 l’annonce du rachat et de la fusion des deux opérateurs français du câble est tombé, je me suis posé, comme beaucoup, la question de l’intérêt d’un investissement par des entreprises financières d’actifs peu rentables et surtout en difficulté face aux FAI classiques qui développent des offres TV, fixe et Internet plus attrayantes.

Tout pourrait se résumer à LA FIBRE.

En effet un réseau câblé c’est aussi un réseau en fibre optique et avec 4 millions de clients en télévision, 700 000 abonnés Internet et 300 000 en téléphonie fixe, Noos UPC représente une part de marché significative mais surtout dispose déjà d’un réseau en fibre optique. Il semble qu’environ 25 à 30 % de ce réseau doivent être mis à niveau pour être capable de transiter du 50 à 100 Mb pour un investissement de l’ordre de 300 millions d’euros. Ajouté au 1,25 milliards d’euros cela amène l’ensemble à plus d’un milliard et demi. Si on y regarde de prêt cela pourrait être une proie tentante pour Deutsche Telecom, Telefonica ou Telecom Italia ou même Cegetel. Début 2006 ce n’était pas très sexy avec des charges de personnels et d’exploitation trop lourdes mais après le ménage que s’apprête à faire le repreneur actuel (plus de 800 postes supprimés) le résultat redevient attractif.

De là à penser que cette manœuvre était prévu avec le fond d’investissement et un futur repreneur en 2007 ? Mais bon je suis peut être trop machiavélique.

Christian Jegourel

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11 septembre 2006 1 11 /09 /septembre /2006 16:18

Le groupe Iliad, maison mère de Free vient d’annoncer aujourd’hui un investissement de plus d’un milliard d’euros jusqu’ne 2012 pour déployer de la fibre optique dans les grandes villes de France.

Cela fait plusieurs mois que j’annonce, comme beaucoup, que l’évolution des FAI passe par la fibre optique et qu’il y aura deux scénarii possibles. Les gros industriels qui déploieront leur réseaux et le loueront pour le rentabiliser et les autres qui achèteront de la bandes passante et dont les facteurs de différenciation les feront disparaître peu à peu.

Il était donc logique que le challenger de France Telecom réagisse en cette rentrée. Quoiqu’il en soit le parcours est périlleux. Si je reconnais sans réserve le talent de Xavier Niel, et de ses équipes qui ont su monter cette entreprise et en faire le n° 2 français, nous atteignons aujourd’hui les limites de la démarche.

Analyse

Le groupe annonce un investissement d’un milliards d’euros ce qui est très insuffisant au déploiement de la fibre pour atteindre une taille critique auprès des abonnés français. Iliad envisage d’ailleurs de ne raccorder que 4 millions de prises. Si dans un premier temps cela permet de raccorder les foyers dans les grandes ville et de concurrencer France Telecom qui aura certainement la même démarche pour des raisons de rentabilité, cela, ne permettra pas de mailler le territoire et d’atteindre un nombre d’abonnés suffisant pour déployer les nouveaux services et contenus que permet le très haut débit. En effet dans le course aux programmes audiovisuels mais également aux services de VOD et autre sites collaboratifs la taille du parc d’abonnée est essentielle. Pour déployer de la fibre sur « tout »  le territoire il faudrait à Free entre 3 et 4 milliards d’euros, bien hors de portée. Surtout que dans le même temps il va lui falloir déployer un réseau wimax sou peine de perdre sa licence avec un état français qui interdit le handover et donc de facto de proposer des services de téléphonie mobile sur wimax capable de concurrencer la 3G et générer de nouveaux profits..

Cette stratégie est d’autant plus délicate que le cours de bourse ne peut que pâtir de ces investissements qui dégageront moins de dividendes pour les actionnaires. Le cours a chuté de presque 20% après l’annonce, avant de se reprendre sur une chute limitée de 9%.

Cela laissera moins de ressources pour se développer. J’avais d’ailleurs averti une entreprise d’analyses financières sur un scénario de baisse de la valeur sur le dernier trimestre dès début juillet pour ces raisons.

Dans un premier temps, Xavier Niel pourrait choisir de mettre sur le marché une vingtaine de pourcent de l’entreprise ce qui lui laisserait encore la majorité avec le management et lui permettrait de récupérer entre 500 et 600 millions d’euros supplémentaires au cours actuel. Au passage la baisse de plus de 9% aujourd’hui représente 300 millions d’euros soit le montant d’investissement de deux ans en fibres optiques…

L’option de vente

Xavier Niel n’en est pas à sa première cession d’entreprise mais il a encore le temps de rendre la mariée encore plus belle. Avec cette annonce je prévois une cession en 2008.

Pourquoi ?

Tous les déploiements de fibre optique et les services associés ne seront pas opérationnels avant fin 2007 (sauf mini expérimentation locale) et le marché de masse restera ADSL jusque là. . Dans le même temps les droits audiovisuels sont majoritairement détenus par Canal + jusqu’à cette date et donc la bataille ne commencera qu’en 2008. A ce moment là les chaînes de télé et les réseaux de diffusion Internet vont se battre pour acheter des programmes afin d’enrichir leurs offres. Les grands opérateurs internationaux comme FT ou Deutsche télécom vont surenchérir et ne laisseront pas la place à Free surtout si son déploiement est partiel. Il convient d’ajouter les grandes plateformes de diffusion transnationales comma Itune, Amazon ou les sites des producteurs en direct comme Fox Atomic etc.. Cette concurrence va affaiblir la position des FAI dans la VOD et mécaniquement baisser leurs revenus par abonnés. La course à la taille critique n’en sera que renfoncée. Et donc un réseau avec plusieurs millions d’abonnés et un déploiement même partiel en fibre pourrait intéresser un acteur international désireux de prolonger une stratégie européenne. L’offre même à 3 ou 4 milliards d’euros pourrait intéresser Deutsche Telecom, Telecom Italia ou d’autre. L’option de fusion avec Neuf Cegetel donnerait même à Xavier Niel une excellente porte de sortie le laissant comme l’un des principaux actionnaires d’un ensemble réellement capable de concurrencer France Telecom avec la seule, mais pour combien de temps, licence wimax nationale. Compte tenu de l’annonce d’une offre de location de son réseau qui s’inscrit dans la démarche de Neuf, cela aurait du sens.

Bravo donc aux équipes de Free qui savent manier la stratégie brillamment et attendons le suite pour voir si ce scénario se valide.

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30 août 2006 3 30 /08 /août /2006 14:56

Cette fois le monde de la musique entame sa vraie révolution pour se mettre en phase avec les évolutions technologiques et les changements de mode de consommation de ses clients. L’initiative de la major numéro 1 du marché va enclencher une mutation définitive de la chaîne de valeur de cette industrie.

Après avoir combattu bec et ongles toutes les technologies de téléchargement afin de protéger leur modèle économique basé sur la distribution physique par pays de la musique, les majors ont commencé à s’essayer au téléchargement payant. Les premiers essais n’ont pas été très concluant en grande partie parce que le modèle économique était basé sur des coûts calqué sur celui de la distribution classique  (un morceau 1$, soit pratiquement le coût d’un CD pour l’album téléchargé) et donc sans réel avantage pour le consommateur.

Les premières expériences

L’initiative d’Apple avec Itune a été le premier signe, néanmoins, que les consommateurs étaient près à se passer du CD. Toute les tentatives techniques de protection contre la copie illégale ayant échoué : la protection DRM de Microsoft vient d’être craquée et est disponible sur le net depuis le 26 juillet, le mesures légales ne freinent pas le téléchargement illégal et la croissance du téléchargement légal est très inférieur au téléchargement en peer to peer (en grande parie à cause des coûts trop élevé et de la non interopérabilité des fichiers téléchargés). Une expérience dans des universités américaines de téléchargement gratuit a échoué car les étudiants ne pouvaient pas utiliser les fichiers sur leurs différents lecteurs. Ils sont massivement revenus au téléchargement illégal malgré cette offre gratuite !

Fort de ce constat il devenait inévitable que les responsables des grandes majors prennent les mesures de l’évolution inéluctable de leur industrie.

Un nouveau modèle

Universel Music tire le premier mais les autres majors vont devoir lui emboité le pas.

Pour ce faire le leader de la production musicale s’appuis sur une start up, SpiralFrog, avec laquelle les autres majors sont d’ailleurs en contact. Les fichiers téléchargés seront protégés par DRM Microsoft, donc facilement contournables, cela ne devait pas être prévu.

Cette expérience commencera en décembre et uniquement pour les Etats-Unis et le Canada (amateurs de IP Platinum et consors, il va falloir récupérer une IP aux US pour en profiter). Il s’agit d’un accord limité à deux ans avec partage des recettes publicitaires avec l’entreprise New Yorkaise. L’utilisateur doit s’enregistrer pour accéder à un nombre illimité de morceaux et vidéo de musique du catalogue d’Universal. Les fichiers téléchargés ne pourront être gravés et ne fonctionneront pas sur Mac, donc pas sur Itune. Gageons que le Zune de Microsoft tirera parti de toute cette collection musicale.

Le téléchargement gratuit existait déjà mais souvent à partir d’un catalogue restreint en streaming uniquement et ne permettait pas le transfert sur des lecteurs mp3 ou limitait le nombre d’utilisation comme Napster qui n’autorisait que 5 lectures du fichier.

Quelles conséquences pour la chaîne de valeur ?

Ce type d’initiative va considérablement impacter cette industrie qui, jusqu’alors, avait tout fait pour l’éviter. Outre les initiatives payantes de téléchargement comme Itune d’Apple ou d’autres distributeurs en ligne comme Amazon c’est toute la distribution musicale qui va se contracter. Que vont devenir les distributeurs spécialisés comme la FNAC ou Virgin si le consommateur final peut accéder directement, et gratuitement à sa musique préférée ?

Amazon avait entamé une mutation en créant une plateforme de téléchargement pour compenser la baisse des ventes de CD et voici que c’est déjà obsolète. Heureusement pour Amazon la vente d’autres produits non « dématérialisables » compensera. Pour les distributeurs régionaux (par pays) qu’ils soient en ligne ou organisés en magasins, le coup va être rude. On peut imaginer que les cours de bourse d’Apple et de la FNAC vont baissés.

Autre qu’un média, Internet est bien devenu un canal de distribution qui réduit le nombre d’intermédiaires. Dans le passé l’arrivé de la grande distribution avait considérablement réduit le nombre de détaillants qui représentent maintenant moins de 20% du marché. Comment pourront continuer à fonctionner des distributeurs classiques spécialisés avec 80% de chiffre d’affaires en moins ?

Mais cela touche également d’autres acteurs thématiques comme les chaînes musicales qui vivent de la diffusion de clips avec des revenus publicitaires. Pour le moment il n’est pas encore question d’interview ou de contenus autres que des clips musicaux sur SpiralFrog mais si l’audience se développe, nul doute que ses responsables profitent de cette manne pour lancer un véritable média en ligne… En plusieurs langues ? Chaînes thématiques de tous pays tremblez car ce type d’univers va continuer à se développer en se passant des intermédiaires… 

Quid de la vidéo ?

Fort de cette initiative on pourrait extrapoler un modèle économique identique pour le marché audiovisuel. Même si les coûts de production différents ne permettent pas de transposer directement ce modèle économique sans des tarifs de publicités à la hausse, il convient d’envisager que cela pourrait arriver pour tous les contenus vidéos. Du film aux séries à succès imaginez que les producteurs diffusent directement ou via une plateforme commune leurs programmes. Cette fois-ci c’est aux chaînes généralistes de trembler. J’ai déjà abordé ce sujet mais une fois encore les chaînes qui ne sont pas étroitement imbriquées à la production de contenus sont en danger et il convient d’adapter rapidement la loi française à cette nouvelle donne.

Il ne faut pas oublier les plateformes de VOD comme Gloria ou les offres de FAI qui pourraient être asséchées en contenus par des initiatives des producteurs en direct.

Internet est vraiment devenu un canal d’intermédiation qui réduit le nombre d’acteurs dans la chaîne de valeur, il va falloir s’adapter au BIG CRUNCH…

Les spécialistes du capital risque vont devoir adapter leur politique d’amorçage…

Christian Jegourel

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18 mai 2006 4 18 /05 /mai /2006 15:58

Alors que les géants de l’Internet se battent pour offrir des espaces publicitaires et des outils de plus en plus sophistiqués pour les annonceurs, les médias traditionnels, enfin surtout aux US, se mobilisent pour étendre leur audience sur Internet.

Cette course ne risque-t-elle pas de menacer gravement le modèle de financement des contenus en émiettant l’audience et en accroissant les coûts de création (multi supports) et de diffusion (multi réseaux) ?

Passons en revue les différentes initiatives de ce marché convergent et essayons de balayer les différentes stratégies.

Comme pour la guerre plus ciblée que se livre Google et Microsoft (Google vs Microsoft), cette bataille se livre sur un terrain de jeu convergent mais où les stratégies diffèrent en fonction de l’origine des acteurs.

Les acteurs de l’Internet cherchent à développer des services de plus en plus pointus pour les annonceurs et les consommateurs en agrégeant des contenus.

Les acteurs des médias partent de leurs réseaux de télévision en élargissant leur audience sur Internet à travers des sites dédiés qui proposent de multi diffuser les contenus produits dans les studios.

Le tout dans un marché publicitaire qui ne croit pas massivement. Il va bien falloir partager le fromage...

Du coté des acteurs Internet

Prenons en exemple le nouveau système de gestion publicitaire que Yahoo vient d’annoncer. Cet outil est conçu pour permettre aux annonceurs de définir plus précisément leurs cibles en fonction des mots clés utilisés en recherche mais également en croisant leur localisation géographique, la taille du segment et d’autres informations collectées dans les différents services de Yahoo.

Ce service B to B s’inscrit directement en concurrence du logiciel de Microsoft AdCenter qui a été lancé il y a quelques semaines et vise à contrer Google qui truste la plus grande partie des recettes publicitaires générées par les liens sponsorisés.

Yahoo s’appui sur tous  les services et contenus qu’il gère sur ses différents sites Internet à travers le monde pour offrir aux annonceurs un outil transnational permettant de cibler directement des segments de consommateurs précis.

Avec ce type de technologies, de collecte et de traitement de l’information, les GYM (Google, Yahoo, Microsoft) se positionnent comme un espace de choix sur le marché de la publicité en ligne estimé à 30 milliard de dollars en 2005.

Yahoo va également fourni de plus en plus de services et de contenus, entrant largement dans le marché de l’audiovisuel qui truste la part la plus importante de la publicité aujourd’hui.

La stratégie de ces géants du net est de se développer multi supports avec des contenus vidéos directement concurrents de ce que propose aujourd’hui les réseaux de télévision sur le petit écran. A la marge les stratégies peuvent diverger : Yahoo se positionne, aujourd’hui, plutôt comme un agrégateur sans se lancer dans la production comme commence à le faire Microsoft.

L’espace des réseaux sociaux et des blogs étant également considéré comme stratégique. Malgré tous ces développements, le CEO de Yahoo, Terri Semel indique déjà que ce nouveau service ne permettra pas d’accroître significative les revenus publicitaires du géant sur 2006 autour de 4,6 à 4,8 milliards de dollars (quand même).

La directrice financière de Yahoo indique également que la croissance à venir se fera par croissance des budgets sur Internet des clients déjà existants et non avec nouveaux clients. Si cette vision se concrétise cela signifie qu’il y aura transfert des médias traditionnels vers ces nouveaux acteurs du net. Déjà actuellement plus de 50% de la croissance de Yahoo est faite avec des annonceurs existants.  

La part de marché de Yahoo dans la publicité en ligne est estimée à 13% et le géant anticipe une croissance de l’audience mondiale sur Internet qui devrait pratiquement doubler dans les cinq prochaines années.

Un marché publicitaire relativement constant

Preuve s’il en ait de la terrible compétition que se livre ces acteurs et de la non élasticité du marché. Une faible élasticité également souligné en France pendant la conférence de l’EBG où Nicolas de Tavernost, PGD de M6 indiquait qu’en francs constants le marché publicitaire télévision était sensiblement identique en 1995 et en 2005 (voir compte rendu).

De nouveaux acteurs sur un marché faiblement en croissance il va y avoir des morts et des concentrations.

Et les médias dans tout ça ?

Cette énorme bataille dans la recherche des annonceurs n’échappe pas aux acteurs des médias aux Etats-Unis. News Corp qui est très actif dans sa politique dans l’Internet à travers le réseau social MySpace mais également avec ses sites de téléchargement et de streaming de contenus vidéos cherche à remplir ses espaces publicitaires.

Le géant des médias américain propose également une plateforme pour les annonceurs appelée MyNetworkTV.com qui s’apparente dans la forme à ce que propose Yahoo mais en proposant naturellement aux annonceurs d’accroître leur performance publicitaire depuis les médias traditionnels en s’élargissant dans l’Internet.

On voit bien qu’il y a deux approches : pour les nouveaux médias il s’agit de s’appuyer sur des services et des contenus à travers leurs sites leaders. Pour les médias il s’agit de proposer aux annonceurs de conserver des espaces publicitaires sur les télés traditionnelles qui proposent la plus grande audience et de renforcer leur campagne sur Internet avec la notion de one stop shopping pour les média planner mais également avec des services d’analyses du rendement centralisés.

Le rachat de MySpace pour News Corp s’inscrit bien dans une stratégie claire de convergence des clients et des annonceurs entre télévision et Internet.

En tant que producteur de contenus, le groupe va concevoir des programmes courts qui pourront être diffusés aussi bien sur le réseau de télévision qu’en streaming sur Internet ou sur des terminaux comme des téléphones portables.

Le PDG de Fox télévision, Roger Ailes, annonce clairement que le modèle économique des réseaux de télévisions classiques est mort et que cette industrie doit se réinventer. C’est évidement plus facile pour un groupe intégré comme News Corp qui est présent dans la production, la diffusion et l’Internet.

C’est un peut plus complexe pour les affiliés aux réseaux même si ceux de News Corp bénéficient d’un accord de partenariat et de partage des recettes Internet contrairement à ceux de NBC.

Diversification ou évolution du métier de base ?

Dans cette convergence le problème stratégique de chacun de ces acteurs va être de redéfinir son métier principal sans se diversifier inutilement et sans se laisser marginaliser par les nouveaux entrants. On voit bien tout l’intérêt de MySpace pour News Corp, je vois moins celui de MisterGood Deal pour M6.  Et je ne parle pas des acteurs de télécommunication qui se lance également sur ce secteur et qui sortent carrément de leur métier. L’avenir nous dira qu’elles auront été les bonnes stratégies.

Personnellement en tant qu’investisseur j’ai sorti les acteurs média de mon portefeuille sauf Vivendi car il y a une spéculation sur un possible démantèlement et surtout car il possède 20% de NBC et est parfaitement informé de ce que fait le network US. Il pourrait donc copier ses stratégies si ils savent les adapter en France car comme me disait il y a quelques semaines un analyste financier : « ils n’ont pas les équipes qu'il faudrait ». Je ne prendrais pas position sur ce terrain.

Comment gérer la transition ?

Ces industries de l’Entertainment et de l’Internet font face au plus grand enjeu de leur histoire. On assiste à un déplacement progressif encore modeste des budgets publicitaires depuis les médias classiques vers l’Internet. Le glissement de l’audience est également progressif mais le nombre d’heures dans une journée étant définitivement de 24, plus la consommation de services sur Internet augmente plus, mathématiquement, celle de la télévision traditionnelle diminuera. Et même si on ajoute de la consommation sur mobile on prend ce temps sur autre chose.

Qui va financer les contenus ?

Le modèle économique est aujourd’hui simple et permet d’amortir la production à travers différentes fenêtres de diffusion. Si tous les contenus sont disponibles en même temps sur tous les supports, ce qui se développe aux Etats-Unis, qui va payer ?

Et je ne parle pas des dégâts collatéraux fait aux chaînes qui ne produisent pas directement leurs contenus et qui pourraient se retrouver asséchées en programmes. (TF1 et M6 vous êtes invités à commenter sur ce blog)

La convergence des services amène nécessairement une convergence et une réduction des coûts unitaires proposés aux clients. Lorsque vous faite le calcul d’une offre triple play ce n’est pas la somme du prix des trois offres. Cette même logique va s’appliquer avec la diffusion de contenus sur Internet. On a vu avec les offres de XM ou de MTV que la notion de licence globale revient en force. Dans la production audiovisuelle cela va faire beaucoup de dégâts car depuis quelques années les coûts de production ont tendance plutôt à augmenter. Les annonceurs commencent également à déplacer leurs budgets. Un analyste prévoit d’ici 3 ans que l’Internet pourrait représenter jusqu’à 8% des dépenses des annonceurs.

Le modèle économique de la production jusqu’à la diffusion est donc sérieusement menacé par les nouveaux entrants de l’Internet qui vont monnayer leur audience qualifiée aux annonceurs

D’après un dirigeant de News Corp, le revenu en publicité généré par MySpace double tous les 3 ou 4 mois mais il est loin de générer le budget nécessaire à la production d’une série comme Lost. Pour le moment la diffusion broadcast et ses revenus publicitaires finance la production et les recettes faite en VOD et sponsoring sur les sites de streaming du groupe génèrent des budgets additionnels.

Qu’en sera-t-il si les annonceurs veulent être présents exclusivement sur le net et ne financent plus la production initiale ?

Avant qu’Internet ne devienne un média dominant il va falloir plus d’une décennie. Pendant ce temps là le challenge des médias traditionnels et des producteurs de contenu est de gérer la transition.

Heureusement les GYM (Google, Yahoo et Microsoft) doivent également réinventer leurs modèles et même si Microsoft et Google sont assis sur 50 milliards de dollars de cash chacun, ils ne sont pas à l’abri d’un faux pas. On a déjà vu Microsoft perdre plus de 10% de sa capitalisation boursière il y deux semaine et celle de Google avait également chutée même elle revenu à son cours pour le moment. D’autant que les revenus basés sur les liens sponsorisés ne sont pas non plus extensibles à l’infini car plus il y a de liens sponsorisés moins la réponse est pertinente (voir article sur ce sujet)

Le même gâteau pour tout le monde

Le seul élément factuel est que ces acteurs se battent pour le même fromage : les annonceurs d’un côté et les consommateurs de l’autre. La vraie différence se fera sur la pertinence des services offerts à chacune des cibles. Sur ce terrain les nouveaux médias ont l’avantage de l’interaction avec le consommateur. Soit directement dans les services soit avec une facturation comme intermédiaire.

C’est parfaitement visible pour les opérateurs de téléphonie mobiles, des FAI mais également d’acteurs transversaux comme Paypal (filiale d’eBay). La connaissance plus fine des consommateurs pourraient pousser les annonceurs dans des stratégies publicitaires plus ciblées et pourquoi pas directement jusqu’à l’intermédiation de l’acte d’achat.

Il y a là un vrai danger pour les médias traditionnels qui ne savent que fournir une audience à leurs annonceurs et n’entretiennent aucun liens directs avec les clients (sauf pour les chaînes payantes).

Il faut que les médias traditionnels deviennent des plateformes d’intermédiation de contenus et de services et que la chaîne devienne uniquement l’un des supports de diffusion même si, aujourd’hui, elle représente la principale source de revenus et d’audience. (voir modèle dans cet article).

Lors de récentes conférences sur les médias, les patrons de News Corp et de Disney ont indiqués qu’ils se lançaient résolument dans le développement  de services en ligne et qu’ils avaient abandonnés l’idée pour pouvoir continuer à protéger leur modèle économique traditionnel. News Corp annonce déjà des revenus estimés à 350 millions de dollars pour 2006 mais surtout pourrait dégager plus de marges que ceux réaliser par le réseau de télévisons Fox Broadcasting. Les revenus additionnels dans les jeux vidéo vont également cloîtrent rapidement.

Il devient maintenant très clair que les modèles économiques en vigueur dans la production audiovisuelle, les périmètres et activités des acteurs médias vont largement évoluer dans les dix ans qui viennent.

Aux Etats-Unis la menace est prise très au sérieux qu’en est-il en France ?

En écoutant Patrick Le Lay, Jean Bernard Levy et Nicolas de Tavernost lors de la conférence de l’EBG (voir compte rendu) on reste sur notre faim. Aucun de ces intervenants n’a indiqué s’engager clairement dans cette évolution de leurs métiers et on a le sentiment qu’ils voient cela comme une diversification.

Celui qui semble le plus proche de ce nouveau marché c’est le PDG de Vivendi car il raisonne en terme de client et non de téléspectateur.

Pour les patrons de chaînes, comme le soulignait Patrick Le Lay qui ont tous les deux 20 ans d’expérience dans la télévision, la compréhension des mutations semble plus difficile.

Comment va évoluer le marché de la production ?

L’exception culturelle française est-elle menacée ? Si pendant une certaine période les budgets de production se resserrent, il y a un risque de développement de programmes standardisés amortissables sur un maximum de pays. A ce jeu là les studios américains du nord et du sud sont les champions. J’entendais dire par Patrick Le Lay lors de la conférence de l’EBG (compte rendu) que TF1 se concentrait sur la diffusion d’œuvres françaises. C’est effectivement une bonne tactique pour éviter de se faire assécher en programmes US qui pourraient apparaître sur Internet avant la fenêtre de diffusion en France.

C’est déjà vrai avec le peer to peer illégal mais pourrait apparaître rapidement avec le peer to peer légal (voir accord entre Bit Torrent et Warner).

Seulement cette stratégie atteint rapidement ses limites dans les coûts de grille de programmes. Un épisode d’une série française diffusé en France et peut être dans un autre pays francophone revient beaucoup plus cher que l’achat du droit de diffusion d’une série US qui est amorti sur plus de pays.

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